Évènement majeur de cette Game Developers Conference 2015: la généralisation des moteurs de jeu gratuit. Euphoriques ou pessimistes, les réactions furent nombreuses face à ce qui est une des plus grosse annonce de ce début d’année.
Face à la disparition des moteur de jeu interne au société de développement, les acteurs du marché se devaient de réagir. C’est à San Francisco, pendant la Game Developers Conference, un événement destiné aux professionnels de l’industrie, que le voile fut levé. Mardi 2 mars, Epic Games annonce la gratuité se son moteur l’Unreal Engine 4 ainsi que de ses outils de développement. Utilisé par de grands studio tel que Square-Enix pour son très attendu Kingdom Hearts 3, il devient donc disponible pour toute personne ou studio souhaitant se lancer dans le développement de jeu. Une transition déjà amorcée en septembre 2014 via un accès gratuit au logiciel pour les étudiants. L’ancien abonnement de 19 dollars représentaient des recettes minimes pour le studio. La majorité de ses revenus repose sur les royalties de 5 % versées par le développeur dès les 3 000 dollars par trimestre atteint. Bien qu’intéressant, le moteur exige un certain niveau de programmation ainsi que l’utilisation du C++. Un logiciel certes accessible financièrement mais qui demandera un certain savoir faire.
Favori des développeurs indépendants, Unity était attendu au tournant après cette annonce. Le 3 mars Unity Technologies annonce donc la nouvelle monture de son logiciel disponible immédiatement en téléchargement sur le site de la firme. Cinquième version du logiciel, elle propose dorénavant l’ensemble des fonctionnalités du logiciel auparavant bloquées dans la version gratuite. L’arrivée de l’Unity Cloud permet enfin aux utilisateurs d’accéder à un même code. Parmi les nouveautés de cette version, on note l’ajout du support de la réalité virtuelle de l’Oculus Rift. Environnement par défaut de la Wii U, Unity met toujours à disposition sa version payante de 75 dollars qui exonère le développeur de tous royalties qui s’activent dans la version gratuite dès que les bénéfices dépassent les 100 000 dollars. Avec une politique plus accessible, Unity l’est également de par son code de programmation basé sur le C#.
Alors que l’on pensait les festivité fini, que tout le monde portait son regard vers les autres nouveauté du salon, Valve Corporation dévoile en ce 4 mars Source 2, leur nouveau moteur de jeu entièrement gratuit. Le développeur exige en échange que le jeu soit obligatoirement publié sur la plateforme Steam. Passage quasi obligé pour les jeux PC, ce moteur peut s’avérer intéressant pour qui viserait cette plateforme. Seul Crytek, créateur du CryEngine, reste sur ses positions avec un abonnement à 9, 90 dollars par mois ou l’achat d’une licence.
Que d’annonces ! Mais au final cela va-t-il changer l’approche des développeurs ? Cela dépend essentiellement du public visé. Que l’on soit étudiant, un professionnel chevronné ou bien même un studio, les avantages ne sont pas les même. Au final, ce qui peut être une proposition généreuse se révèle surtout un choix stratégique mûrement réfléchi. Les étudiants se dirigeaient assez naturellement vers Unity de part sa facilité d’utilisation mais surtout sa gratuité. Un étudiant formé à un logiciel devient une futur source de revenu pour le développeur. Ce procédé se fait de plus en plus courant dans le monde du multimédia. Fer de lance de cette méthode, le développeur Adobe propose des versions d’essai ou gratuite de ses logiciels aux étudiants. Ces mêmes logiciels sont présents dans l’ensemble les écoles de formations. Il devient alors naturel de mettre de côté un logiciel moins ergonomique mais gratuit tel que Gimp pour lui préférer Photoshop. La généralisation des moteurs de jeu gratuit laisse le choix aux étudiants et aux écoles d’étudier celui qui lui semble le plus approprié pour son projet. Une fois sorti de son cursus, l’étudiant poursuit son apprentissage sur la base qui lui a fourni sa formation. Cet influence se retrouve par la suite tout au long du parcours professionnel, un chose que les développeur de moteur de jeu ont bien compris. Cependant, rechigné sur l’accessibilité de ces nouveaux logiciels seraient d’une mauvaise foi. Pour les indépendants, cette nouvelle panoplie de logiciels demeurent une chance inouïe avec la possibilité de développer sur le moteur le plus adapté à ses besoins. A l’heure actuelle, le plus raisonnable reste Unity qui conserve une politique économique au service des studios modestes. Le projets demandant des moyens conséquents dans de plus gros studio se tourneront du côté de l’Unreal Engine 4 avec un moteur plus adapté au projet de grande ampleur tel que les triple A. Les gros studio possédant déjà un moteur ou déjà affilié conserveront leur politique de développement, les changements tarifaires opérés les concernant dans de moindre mesure. Force de constater que les développeur de moteur de jeu observe, décrypte les besoins de la scène indépendante et conserve ses acquis chez les grands studios.
Annonces enflammées saluées, encensées par la presse spécialisée, la crainte d’un retour de manche se fait attendre. L’ouverture au grand public des outils de développement, tout aussi bénéfiques soient-elles, entraîne plusieurs problématiques. Phénomène présent dans le domaine du montage vidéo où il n’est pas rare de voir des personnes formées en autodidacte présentée leur travail. Parfois aussi pointilleux que des personnes issus de formation, il existe aussi des personnes ne s’inspirant que de tutoriels trouvés sur internet ne pouvant s’adapter à la création de projet inédit. La sélection au moment du recrutement devient plus complexe et ardu afin de déterminer le vrai du faux. Cette multiplications des talents entraînent également une baisse vers le bas de la rareté des compétences abordées et par effet domino celle des salaires ainsi que du nombre de poste disponible. Uniques survivants de cette dévalorisation, les développeurs spécialisés qui parviendront à sortir leur épingle du jeu. En prônant la gratuité des moteurs de jeu, le marché risque de voir sortir davantage de jeux dont l’esthétique repose sur les même assets. Aussi bien au niveau du gameplay que des graphismes, les moteurs de jeu se construisent autour de bibliothèque mis à la disposition du développeur. Originalité et création, déjà maîtres mot des production réussie, deviennent encore plus nécessaire afin de proposer de nouvelles expériences. Noyé dans la masse, la communication autour du titre sera essentielle: créer un bon jeu n’est qu’une bataille, le vendre, le nerf de la guerre.
A l’écoute des indépendants, et surtout du marché qu’ils représentent, les développeurs de moteur de jeu s’adaptent. Evolution inhérente à l’industrie, l’accès à ces moteurs risque de créer certain changement dans le paysage des studios de moindres envergures ainsi que dans l’embauche nouveaux actifs du secteur. A défaut d’être parfaites, ces annonces offrent une réelle équité dont certain pourrai à l’avenir, tirer leur épingle du jeu.
En tant que professionnel du métier qui s’est formé à l’école, entouré par des professionnels, je partage le sentiment de parfois me faire doubler sur des contrats par des gens incompétents mais qui ont sans doute le pouvoir de se vendre mieux que moi à l’entretien. Donc oui, l’ouverture dévalorise les vrais professionnels et ça, ce n’est pas normal !